STABAT MATER & CONCERTOS DE PERGOLESE
« Giovanni Battista Pergolesi :
Symphoniae, Hymnus & Stabat Mater»
– Sonata per organo in Fa Maggiore
– Sinfonia per archi & basso in Sol (Allegro, Largo, Allegro assai)
– Sinfonia per Violoncello & basso in Fa (Comodo, Adagio, Presto)
*** courte pause / accord & installation du choeur ***
– Hymnus : Summae Deus clementiae ~ Septem dolores virginis
– Stabat Mater, per soprano, alto, violini & coro
La Fenice aVenire
Jehanne Amzal, soprano
Clara Pertuy, alto solo
Jérôme van Waerbeke, violon
Anaëlle Blanc-Verdin, violon
Marie Bouvard, violon alto
Keiko Gomi, violoncelle solo
Ershad Vaeztehrani, contrebasse
Mathieu Valfré, orgue & clavecin
Jean Tubéry, direction
avec la participation du
Coro della Pietà de La Rochelle
Église Sacré-Coeur de la Genette
La Rochelle
Dimanche 8 septembre 2024 – 19h30
AVEC LE SOUTIEN DE:
FONDATION VRM
A.D.O.R Association des Amis des Orgues Rochelais
2PECORP
L'ASSOCIATION DES AMIS DU FESTIVAL AGAPE
Fidèle acteur du festival et spécialiste de la musique sacrée du baroque italien, l’ensemble La Fenice nous invite à un programme conçu pour le festival Agapé, autour de la grande figure de Giovanni-Battista Pergolesi.
Musicien au génie précoce, notre jeune compositeur napolitain est emporté par la maladie à l’âge de 26 ans, année de composition de son fameux Stabat Mater. Écrit sur la trame de son maître Alessandro Scarlatti, il revisite l’œuvre par une relecture du texte résolument moderne, quittant le figuralisme littéral du premier baroque italien pour évoquer le discours trivial de la Passion : cruauté et cynisme de la foule et du spectacle prennent alors le pas sur la seule souffrance de la mère du Christ, dont la figure de Mater dolorosa se fait plus évanescente avec l’évocation de la proche Résurrection et des portes du Paradis.
La version qui sera donnée se voit enrichi de l’ajout d’un chœur de voix de femmes, pratique alors courante dans les chapelles de couvent et autres « ospedali » accueillant les jeunes orphelines, tel celui de La Piéta dirigé par le contemporain vénitien Antonio Vivaldi. Cette présence chorale se justifie tant par l’emphase baroque des sentiments exacerbées de la Passion, que par l’évocation de la « Turba » (tumulte de la multitude) sur le chemin de croix.
La présence des parties concertantes de violons peut parfois sembler extérieure à l’expression des affects exprimés par les 2 voix solistes féminines : une approche de la musique instrumentale de Pergolesi, telle que nous l’entendrons en première partie, nous permet dès lors de nous familiariser avec son style instrumental si personnel, évoquant le clair-obscur napolitain encore présent de son vivant sur les tableaux qui ornaient les chapelles et oratoires de la cité phare du baroque méridional.
Enfin, ce Stabat Mater aura pour particularité et unicité une introduction liturgique par le plain-chant de la fête de « Notre-Dame des sept douleurs », au lendemain de la fête de la Croix-glorieuse. Rappelons en les 7 événements douloureux de la vie de Marie :
– la prophétie de Siméon lors de la présentation au temple
– la fuite en Égypte durant le massacre des innocents
– l’enfant Jésus égaré, retrouvé auprès des docteurs du temple
– le regard de son fils portant sa croix lors de la montée au Calvaire
– la vision de Jésus crucifié, sa mère se tenant debout au pied de la croix (Stabat Mater dolorosa, juxtem crucem lacrimosa...)
– la réception du corps de son fils dépendu de la croix
– l’ensevelissement et la mise au tombeau de Jésus.
Si la fête liturgique de Notre-Dame des sept douleurs vient au lendemain de celle de la Croix-glorieuse, il n’est pas fortuit qu’elle suive d’une semaine seulement celle de la Nativité de la Vierge, qui tombe le 8 septembre du calendrier liturgique. Aussi, nous en entendrons le plain-chant à l’heure des vêpres en ce dimanche 8 septembre, en juste hommage tel que l’a rendu à la Mère de Dieu le trop jeune Giovanni-Battista Pergolesi. Écrit l’année même de sa mort, son chef-d’œuvre nous rend celle du Christ d’autant plus douloureuse, qu’il nous donne véritablement à voir et à entendre la compassion affligée d’une mère aimante et tant aimée de tous.
Jean Tubéry